Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée

était la laitue : « C’est la monnaie dont je paie mon sommeil, » disait-il. Il préférait les mets amers. Il prenait peu de bains, et sa vieillesse n’en fut que plus robuste. Il recherchait particulièrement les ouvrages en verre, pour la variété et le travail. Il mangeait son pain sec, ou avec du sel et d’autres assaisonnements. Il était connaisseur en fait d’arts, et grand amateur de marbres. Il avait une mise aristocratique et un grand goût pour la chasse. Néanmoins sa table ne fut jamais servie que simplement : on n’y voyait de faisan qu’à l’anniversaire du jour de sa naissance, à celui de ses parents et dans les grandes solennités. On rapportait toujours les victimes qu’il avait sacrifiées : c’était la nourriture de sa maison. Il défendit à sa femme les parures de pierres précieuses et les broderies d’or. C’est lui, dit-on, qui avait conseillé à l’empereur Aurélien de bannir l’or des vêtements, des appartements et de la chaussure. On rapporte sur Tacite une multitude de particularités qu’il serait trop long de consigner ici : toutefois, ceux qui désireraient les connaître pourront lire Suétone Optatianus, qui a donné une biographie très circonstanciée de cet empereur. Je dirai seulement que, malgré son âge, Tacite lisait avec une facilité surprenante les caractères les plus fins. Si l’on en excepte le lendemain des calendes, jamais il ne passa une nuit sans écrire ou sans lire.

XII. Une chose à dire, et qu’on ne saurait trop souvent répéter, c’est la joie extrême du sénat, en se voyant remis en possession d’élire les empereurs. Il décréta des supplications publiques, et fit vœu d’immoler des hécatombes. Les sénateurs en écrivirent à leurs familles, à leurs amis, et même à des étrangers. On envoya des lettres dans toutes les provinces, pour faire savoir à tous les alliés, à toutes les nations, que la république était revenue à ses antiques usages, que le