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fusant la dignité qu’il demandait pour son frère ; et l’on assure qu’il ajouta : « Le sénat sait bien quel prince il s’est donné. »

X. Il abandonna à l’État son patrimoine, qui s’élevait à deux cent quatre-vingts millions de sesterces, et il n’en garda que l’usufruit. Ses épargnes antérieures servirent à la paye des soldats. Empereur, il continua de s’habiller comme par le passé. Il défendit tous les lieux de débauche dans l’intérieur de Rome ; mais cette défense ne put subsister longtemps. Il fit fermer tous les bains avant la nuit, pour prévenir les troubles nocturnes. Il se vantait de descendre du fameux historien Tacite : aussi fit-il placer son buste dans toutes les bibliothèques ; et, pour obvier à l’incurie des lecteurs, il ordonna que dix exemplaires de ses ouvrages, copiés chaque année aux frais du trésor, seraient déposés dans les bibliothèques et dans les archives. Il interdit aux hommes les vêtements tout de soie. Il fit abattre sa maison, et, sur son emplacement, éleva des bains publics à ses frais. Ostie reçut de sa générosité cent colonnes en marbre de Numidie, hautes de vingt-trois pieds. Tous les biens qu’il possédait en Mauritanie, il en affecta la valeur à la réparation des toits du Capitole. Il consacra aux festins qui se donnaient dans les temples, toute sa vaisselle d’argent. Il rendit la liberté à tous ses esclaves de la ville, hommes et femmes : il en affranchissait un peu moins de cent à la fois, pour ne pas enfreindre la loi Caninia.

XI. Il était d’une grande sobriété, ne buvant jamais un setier de vin par jour, souvent même n’en buvant que la moitié. Son repas se composait d’une simple volaille, d’une hure et d’œufs. Sa table était abondamment pourvut de légumes. Son mets de prédilection