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les goûts de leur âge, élèvent au consulat d’adroits courtisans. Pourquoi se donner un méchant empereur, qui ne s’intéresse pas à sa gloire, qui ne saura pas même ce que c’est que l’État, qui craindra son précepteur, courra se réfugier auprès de sa nourrice, et tremblera sous la férule ? qui fera consuls, généraux, juges, des hommes dont il ne connaîtra ni la vie, ni les services, ni l’âge, ni la famille, ni les antécédents  ? Mais à quoi bon insister plus longtemps, pères conscrits ? Réjouissons-nous de voir sur le trône un homme que l’âge a mûri; il nous sauve de toutes ces calamités qui ont coûté plus que des larmes à nos ancêtres opprimés. Je rends donc des actions de grâces aux dieux immortels; je les rends au nom de la république tout entière; et je m’adresse à vous, Tacite auguste, je vous prie, je vous supplie, je vous adjure avec confiance, au nom des lois de notre commune patrie, si les destins vous enlevaient avant que Vos fils eussent atteint l’âge viril, de ne les pas désigner pour vos successeurs, et de ne pas disposer de l’empire, du sénat et du peuple romain, comme vous feriez de vos domaines, de vos colons et de vos esclaves. Jetez les yeux sur ces images glorieuses ; prenez pour modèles les Nerva, les Trajan, les Adrien ! C’est une gloire insigne pour un prince, à son lit de mort, que de préférer la république a sa famille. »

VII. Ce discours toucha vivement Tacite lui-même, et transporta l’assemblée tout entière, qui aussitôt s’écria : « Nous sommes tous de cet avis ! » On se rendit au Champ de Mars ; Tacite monta sur le tribunal des comices, et le préfet de Rome, Elius Cesetianus, parla ainsi : « Vaillants soldats, et vous, nobles citoyens, vous avez un empereur nommé par le sénat, d’après le consentement unanime des armées : c’est Tacite, le vénérable Tacite, qui, après avoir aidé la république