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Qui peut gouverner plus sagement qu’un vieillard  ? Ce n’est pas un soldat, c’est un empereur que nous nommons. Commande, et les soldats combattront. Tu as pour toi la sagesse, et un frère, vaillant capitaine ; Sévère n’a-t-il point dit : « C’est la tête qui commande, et non les pieds ? » C’est ton esprit, non ta personne, que nous choisissons. Tacite auguste, que les dieux te protègent ! » Chacune de ces acclamations fut répétée, soit dix, soit vingt, et même trente fois. On prit ensuite les avis de tous; puis, quand vint le tour de Metius Falconius Nicomaque, sénateur consulaire, et le premier en rang après Tacite, il parla en ces termes :

VI. « Il est bien vrai, pères conscrits, que toujours cette illustre assemblée a compris les intérêts de la république avec une prudence remarquable, et que jamais, chez aucun peuple de la terre, on ne vit sagesse plus profonde. Jamais, cependant, sentence plus imposante et plus sage n’a été prononcée dans cette enceinte sacrée. L’empereur que nous avons nommé, vieillard auguste, veillera sur tous comme un père. On n’aura, certes, à craindre de sa part ni erreur, ni précipitation, ni rigueurs. N’attendons de lui que sagesse et dignité ; la République elle-même commandera par sa voix : car il sait bien, lui, quel empereur il a toujours désiré, et il ne nous montrera d’autres qualités que celles qu’il a toujours souhaitées et voulues. Jetez les yeux en arrière sur ces monstres abominables, ces Néron, ces Héliogabale, ces Commode (si incommodes, oserai-je le dire ?), et vous verrez que ces horreurs ne sont pas moins la faute des temps que des hommes. Nous préservent les dieux des princes en tutelle ! et puissions-nous n’avoir jamais à appeler père de la patrie, un de ces faibles enfants à qui un secrétaire est obligé de tenir la main quand il faut signer, et qui, pour des friandises ou des jouets, qui flattent