Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/349

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à vous la direction de la république et du monde entier ! Recevez l’empire des mains du sénat : il est bien dû à votre naissance, à vos vertus, à vos talents. N’est-ce pas justice que le prince du sénat soit nommé auguste ? n’est-ce pas justice de nommer empereur celui à qui appartient le droit de parler le premier ? Qui gouvernerait mieux qu’un homme sage, mieux qu’un homme lettré ? Quel bonheur, quel bienfait, quelle garantie pour tous, que vous ayez si longtemps vécu simple particulier ! Vous savez comment il faut gouverner, vous qui avez obéi à d’autres empereurs; vous savez comment il faut gouverner, vous qui avez pu juger d’autres empereurs. » Tacite répondit : « Je m’étonne, pères conscrits, de vous voir ainsi donner un vieillard pour successeur à un prince si énergique, à Aurélien ! Voyez ce corps affaibli : suis-je capable, hélas ! de lancer le javelot, de manier la lance, d’agiter le bouclier retentissant, de monter un cheval fougueux à la tête de nos bataillons attentifs ? À peine puis-je remplir mes devoirs de sénateur, et formuler les opinions que je suis tenu de motiver, pourtant. Y avez-vous bien réfléchi ? Vous arrachez ma vieillesse au foyer de la vie domestique, pour lui faire affronter les intempéries des saisons. Croyez-vous, d’ailleurs, que les soldats soient charmés d’avoir un vieil empereur  ? Prenez garde de vous tromper, en donnant un tel chef à l’empire; craignez que l’unanimité de vos suffrages ne soit justement une cause de défaveur pour moi-même. »

V. Après ces paroles de Tacite, le sénat répondit par ces acclamations : « Trajan aussi était âgé quand il parvint à l’empire ! et Adrien aussi ! Antonin aussi ! et ne sais-tu pas ce que dit le poète :

De ce roi des Romains à la tête blanchie  ?