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proclamer les empereurs, écrivit au sénat qu’il eût à proclamer un de ses membres. J’ai déjà parlé de cette lettre dans le livre précédent. Mais le sénat, sachant par expérience que les empereurs de son choix n’étaient pas bien vus des soldats, leur renvoya cette élection ; et, de refus en refus, six mois s’écoulèrent.

III. Toutefois il faut dire de quelle manière Tacite fut élu. Le septième jour des calendes d’octobre, l’illustre assemblée s’étant réunie dans la salle de Pompilius, le consul Velius Cornificius Gordien s’exprima ainsi : « Nous venons encore vous soumettre, pères conscrits, une proposition déjà soumise à vos lumières. Il faut choisir un empereur. L’armée ne saurait plus longtemps rester sans chef; il y aurait danger, et puis la nécessité nous commande. On annonce que les Germains ont franchi nos frontières du Rhin, qu’ils ont envahi des villes fortes, célèbres, riches et puissantes. D’un autre côté, bien qu’il ne soit pas question de mouvements chez les Perses, songez à la légèreté des Syriens, qui aiment mieux subir le joug d’une femme que d’obéir à notre juste puissance. Et l’Afrique, et l’Illyrie, et l’Égypte, et les armées de toutes ces provinces, croyez- vous donc qu’elles puissent toujours tenir sans un chef ? Décidez-vous, pères conscrits, nommez un empereur ; car de deux choses l’une : ou l’armée ratifiera votre choix, ou bien, dans le cas contraire, elle choisira elle-même. »

IV. Alors Tacite, personnage consulaire, qui avait droit à parler le premier, voulant émettre un avis, on ne sait lequel, le sénat, d’une voix unanime, s’écria : « Tacite auguste, que les dieux vous protégent ! c’est vous que nous choisissons, que nous faisons empereur !