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selon les autres, c’était par cruauté. Il punit de mort une servante coupable d’adultère avec un esclave. Il livrait aux tribunaux publics ceux de ses propres esclaves qui avaient commis des fautes. Il avait voulu rendre aux dames leur sénat, c’est-à-dire une manière de petit sénat, où les premières en dignité étaient celles que le sénat avait jugées dignes du sacerdoce. Il interdit aux hommes les chaussures rouges, jaunes, blanches et vertes, pour ne les permettre qu’aux femmes. Les sénateurs purent avoir des coureurs semblables à ceux qu’il avait lui-même. Il défendit les concubines d’extraction libre. Il régla d’après les charges sénatoriales le nombre des eunuques, parce qu’ils avaient monté à un prix exorbitant. Jamais il n’eut un vase d’argent de plus de trente livres. Ses repas consistaient principalement en viandes rôties ; le vin rouge était celui qu’il préférait.

L. Dans aucune maladie il ne fit appeler un médecin ;il se traitait lui-même, et par la diète surtout. Il laissa, comme un particulier, à sa femme et à sa fille I’anneau qui lui servait de cachet. Il habillait ses esclaves étant empereur, comme du temps où il était simple particulier, à l’exception de deux vieillards, qu’il traitait en affranchis et avec une bonté toute particulière : ils se nommaient Antistius et Gillon, ceux-là mêmes auxquels, après la mort de leur maître, le sénat accorda la liberté. Aurélien s’adonnait rarement à la volupté ; mais il avait un goût prononcé pour les mimes. Il avait un plaisir extraordinaire à voir Phagon, ce consommateur intrépide qui, dans un seul repas, un jour, devant lui, mangea un sanglier toul entier, avec cent pains, un mouton, un porc, et but par un robinet à même d’une jarre énorme qu’il mit à sec. Aurélien eut un règne des plus heureux, à l’exception de quelques soulèvements intérieurs. Il fut cher au peuple romain, et redouté du sénat.