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comme il avait déjà l’huile, le pain, la chair de porc ; et voici comment il voulait lui assurer cet avantage pour toujours. Entre l’Étrurie (du côté qui porte le nom d’Aurélien) et les Alpes maritimes, s’étendent de vastes plaines, fertiles et boisées. L’empereur voulait acheter le terrain à ceux de ses possesseurs qui consentiraient à s’en défaire, pour y établir des colonies de captifs, et planter la vigne sur tous les coteaux. Les récoltes, exemptes d’impôt, auraient été affectées tout entières au peuple de Rome. On avait déjà fait le calcul pour les mesures, les tonneaux, la main d’œuvre et le transport ; mais on assure que l’empereur fut circonvenu dans ce projet, et même qu’il en fut détourné par cette parole de son préfet du prétoire : « Si nous donnons le vin au peuple, il ne manquera plus que de lui donner aussi de la volaille. » La preuve qu’Aurélien avait eu vraiment cette intention, et qu’il y avait même déjà donné suite, au moins en partie, c’est qu’il fit placer dans les portiques du temple du Soleil des vins du fisc, lesquels, il est vrai, ne furent pas donnés, mais vendus. Il faut savoir, en outre, qu’il fit trois fois des largesses au peuple romain, qu’il lui donna même des tuniques blanches, venant de diverses provinces, des robes simples de lin d’Afrique et d’Égypte ; enfin, il est le premier qui lui ait donné les mouchoirs dont on s’est servi depuis pour témoigner son approbation.

XLIX. Il n’aimait pas, quand il était à Rome, le séjour du palais impérial ; il préférait les jardins de Salluste ou ceux de Domitia. Il embellit les jardins de Salluste, en y ajoutant un portique d’un mille de long, où il allait tous les jours fatiguer ses chevaux et sa personne, même quand il était souffrant. Il faisait fouetter devant lui ses esclaves et ses serviteurs pris en faute ; c’était, selon les uns, pour tenir sa sévérité en haleine ;