Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/333

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XLIII. On se demande ce qui fait les mauvais princes. C’est, avant tout, le droit de tout faire, et les illusions de la grandeur ; ajoutez à cela de faux amis, des satellites cruels, des eunuques pleins d’avidité, des courtisans insensés ou détestables ; enfin, une chose que l’on ne peut nier, l’ignorance des affaires publiques. Je me rappelle avoir entendu citer à mon père ce mot de Dioclétien, qui n’était plus empereur : « Rien n’est plus difficile que de bien gouverner. » Quatre ou cinq intrigants se liguent entre eux, et s’entendent pour abuser le prince ; ils lui soufllent ses décisions. L’empereur, enfermé au fond de son palais, ne connaît pas la vérité : forcé de s’en rapporter à des misérables, il nomme magistrats des gens indignes, il éloigne des affaires ceux qui seraient des serviteurs fidèles. « Et voilà, disait Dioclétien, comme l’on vend un prince, honnête homme, attentif, vertueux ! » Je cite exprès ce mot profond, pour vous bien convaincre qu’il n’est rien de plus difficile à trouver qu’un bon prince.

XLIV. Bien des gens ne veulent mettre Aurélien ni parmi les mauvais, ni parmi les bons princes, parce que la première vertu d’un empereur, la clémence, lui a manqué. Verconnius Herennianus, préfet du prétoire sous Dioclétien, répétait souvent, si l’on en croit Asclépiodote, un mot qu’il avait maintes fois entendu dire à ce prince, gourmandant Maximien de son caractère intraitable : «Aurélien était plus fait pour être général que pour être empereur ; » car il n’aimait pas non plus l’excessive dureté de ce prince. On s’étonnera peut-être que Dioclétien ait su et qu’il ait dit, suivant Asclépiodote, à son conseiller Celsinus, ce que je vais rapporter ; mais la postérité en jugera. Il assurait donc