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On le voit, la manie sanguinaire de ce prince inflexible était assouvie.

XXXM. Revenu enfin dans la province d’Europe, et plus tranquille, cette fois, il extermina avec son courage ordinaire tous les ennemis qu’il y trouva courant la campagne. Or, tandis qu’Aurélien remplissait la Thrace et l’Europe entière du bruit de ses exploits, un certain Firmus, sans prendre les insignes du pouvoir impérial, s’empara de l’Égypte comme d’un pays indépendant. L’empereur revient sur ses pas, marche coutre lui, et, toujours suivi de la victoire, il reprend l’Égypte au pas de course ; puis, infatigable, prompt à se décider, irrité de voir Tetricus encore maître des Gaules, il passe en Occident, et reçoit les légions rebelles des mains de Tetricus, qui livra lui-même une armée dont il ne pouvait supporter les excès. Maître enfin du monde entier, pacificateur de l’Orient, des Gaules et de tant d’autres contrées, il revint à Rome célébrer au milieu des Romains son triomphe sur Zénobie et Tetricus, c’est-à-dire sur l’orient et sur l’occident.

XXXIII. Il n’est pas hors de propos de donner ici une idée de ce triomphe, qui fut, en effet, d’une magnificence extraordinaire. On y vit trois chars royaux : l’un, celui d’Odénat, richement incrusté d’or, d’argent et de pierres précieuses ; le second, offert à Aurélien par le roi des Perses, d’un travail aussi merveilleux que le premier ; enfin celui que Zénobie s’était fait faire pour elle-même, et sur lequel elle espérait faire son entrée dans Rome : et en effet, elle y entra sur ce même char, mais vaincue et menée en triomphe. On voyait encore un autre char attelé de quatre cerfs, qui passe pour avoir appartenu au roi des Goths ; et sur lequel Aurélien monta, dit-on, au Capitole, pour y sacrifier ces animaux