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XXXI. Il est rare, il est même bien difficile que les Syriens tiennent leurs serments. À peine vaincus et réduits, les Palmyréniens, pendant que l’empereur était occupé en Europe, se soulevèrent avec violence ; ils égorgèrent Sandarion, laissé en garnison chez eux avec six cents archers, et mirent sur le trône un certain AchilIeus, parent de Zénobie. Mais Aurélien accourt aussitôt d’Europe, et, furieux contre les révoltés, détruit leur ville de fond en comble. Enfin, la cruauté, ou, si l’on veut, la sévérité d’Aurélien alla si loin, qu’il existe de lui une lettre où se trouve l’aveu de la plus incroyable fureur. La voici :

« Aurélien Auguste à Cejonius Bassus. — Je ne veux pas que la cruauté des soldats aille plus loin : c’est assez de victimes comme cela dans Palmyre. Nous n’avons pas même épargné les femmes ; nous avons tué les enfants, immolé les vieillards, égorgé les gens des campagnes. À qui laisserons-nous donc les champs et la ville ? Il faut faire grâce à ceux qui restent. Tant de sang répandu a corrigé pour jamais le petit nombre de ceux qui leur survivent. Quant au temple du Soleil, que les aquilifères de la troisième légion ont pillé près de Palmyre avec les porte-enseigne, les porte-étendard, les clairons et les musiciens, j’entends qu’il soit rétabli dans son état primitif. Vous avez trois cents libres d’or, provenant des cassettes de Zénobie ; vous avez les mille huit cents livres d’argent, trouvées dans Palmyre, sans compter les joyaux de la reine. En voilà bien assez pour réparer magnifiquement ce temple, et vous rendre ainsi agréable à moi-même et aux dieux immortels. Je vais écrire au sénat d’envoyer un pontife, pour en faire la dédicace. »