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daient leur couleur et devenaient comme noirâtres. Ce tissu venait, dit-on, de l’intérieur des Indes. Le roi des Perses, en le donnant à Aurélien, lui écrivait cependant : « Recevez cet échantillon de la pourpre de notre pays. » Mais cela était faux : car, dans la suite, Aurélien lui-même, Probus, et plus tard Dioclétien, envoyèrent inutilement les plus habiles ouvriers, pour tâcher de s’en procurer de pareille. On dit, en effet, que c’est le vermillon de l’Inde qui la produit, quand il est traité avec soin. Mais revenons à notre récit.

XXX. Il se fit dans I’armée un grand tumulte : les soldats demandaient le supplice de Zénobie. Aurélien, trouvant indigne de faire périr une femme, se contenta de livrer au supplice ceux dont les conseils avaient déterminé la reine à entreprendre, à soutenir et à continuer la guerre. Quant à elle, réservée pour le triomphe, elle dut satisfaire l’avide curiosité des Romains. Parmi ceux que l’empereur fit mettre à mort, on regrette la perte du philosophe Longin, qui, dit-on, avait enseigné les lettres grecques à Zénobie. Aurélien le comprit dans l’arrêt de mort, parce qu’on le prétendait l’instigateur de cette lettre arrogante, qui cependant avait été rédigée en langue syriaque. L’Orient ainsi pacifié, Aurélien revint triomphant en Europe, et là il tailla en pièces la tribu des Carpiens. À la nouvelle de cette victoire, le sénat lui ayant décerné, en son absence, le titre de Carpicus, l’empereur répondit aussitôt : « Il ne vous reste plus, pères conscrits, qu’à m’appeler Carpisculus. » (On sait que ce mot désigne en latin une espèce de chaussure.) Le fait est qu’un tel surnom devait sembler bien ridicule, donné à un homme qu’on appelait déjà le Sarmatique, le Gothique, l’Arméniaque, le Parthique, I’Adiabénique.