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qui ose m’ordonner de me rendre, comme si la victoire ne pouvait t’échapper. »

Nicomaque dit avoir traduit du syrien en grec cette lettre que lui dicta Zénobie elle-même : celle d’Aurélien, citée plus haut, était en grec également.

XXVIII. Loin de confondre l’empereur, cette réponse ne fait que l’irriter. Il rassemble aussitôt ses troupes, ses lieutenants, et assiège Palmyre de tous les côtés à la fois. Aucun moyen de succès n’est oublié ; rien n’échappe à la vigilance de ce vaillant homme : les secours envoyés par les Perses, il les intercepte ; les auxiliaires sarrasins et arméniens, gagnés moitié par ruse, moitié par terreur, passent du côté des Romains. Enfin, après tant d’efforts, il réduit cette reine puissante. Fuyant vers la

Perse, sur un de ces chameaux que l’on appelle dromadaires, Zénobie fut prise par des cavaliers envoyés à sa poursuite, et tomba au pouvoir d’Aurélien. Celui-ci, vainqueur et maître de tout l’Orient, tenant en ses mains Zénobie, et avec elle les Perses, les Arméniens, les Sarrasins, montra, il faut le dire, tout l’orgueil, toute l’insolence que pouvait inspirer une si haute fortune. Alors parurent dans Rome ces robes couvertes de pierreries, que nous voyons dans le temple du Soleil, ces dragons venus de Perse, ces mitres d’or, cette pourpre merveilleuse, comme jamais depuis on n’en retrouva nulle part, comme jamais l’empire n’en vit de semblable ; et je veux dire quelques mots à ce sujet.

XXIX. Vous vous rappelez qu’il y avait au Capitole, dans le temple de Jupiter Très-Bon, Très-Grand, un petit manteau de laine pourpre. Il était si merveilleusement beau, que les plus riches vêtements des dames romaines et de l’empereur même, mis à côté de ce tissu divin, per-