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tourner bride, quand une divinité, qui ne fut connue que plus tard, vint encourager nos soldats. Alors I’infanterie elle-même, animée par ce secours divin, soutint la cavalerie ; Zénobie et Zaba prirent la fuite, et la gloire fut complète. Maître de l’Orient, Aurélien entra dans Timesse en triomphateur, et sur-le-champ se rendit au temple d’Héliogabale, voulant s’acquitter envers les dieux. Là, il aperçut encore, et sous la même forme, la divinité qu’il avait vue dans le combat, encourageant l’effort de ses armes. Sa reconnaissance éleva aussitôt à ce dieu tutélaire des temples qu’il enrichit des plus précieuses offrandes ; et, de retour à Rome, il fit bâtir en l’honneur du Soleil, un temple dont la dédicace fut faite avec la plus grande magnificence, comme nous le dirons en son temps.

XXVI. Alors il marcha sur Palmyre, afin de terminer la guerre par la prise de cette capitale. Mais, en route, son armée fut harcelée par des brigands syriens, dont les fréquentes attaques la firent beaucoup souffrir ; et, pendant le siège, Aurélien courut de grands dangers : il fut même blessé d’une flèche. On a de lui une lettre à Mucapore, qui expose les difficultés de cette guerre, avec une franchise où l’orgueil impérial est trop mis de côté.

« Les Romains disent que je ne fais la guerre qu’à une femme : comme si je n’avais à combattre que Zénobie et ses seules forces ; mais j’ai tant d’ennemis sur les bras, que, pour ma gloire et ma sûreté, j’aimerais mieux avoir affaire à un homme. On ne saurait dire ce qu’ils ont de flèches, de machines, de traits et de pierres. Il n’y a pas un endroit des murailles, qui ne soit défendu par trois ou quatre rangs de balistes. Les machines lancent jusqu’à des flammes. En un mot, Zénobie ne combat point comme une femme, mais comme un coupable qui craint le sup-