Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/303

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rait en quelque sorte les honneurs divins, lui apparut au moment où il se retirait dans sa tente, sous la forme où on le représente ordinairement, et, s’exprimant en latin, de manière à être compris d’un Pannonien : « Aurélien, dit-il, si tu veux être vainqueur, garde-toi de sévir contre mes concitoyens ; Aurélien, si tu veux régner, épargne le sang innocent ; Aurélien, sois clément, si tu veux vivre. » L’empereur connaissait le visage du vertueux philosophe, pour avoir vu son image dans plusieurs temples. Frappé d’étonnement, il lui promit aussitôt une image, des statues, un temple, et revint à des sentiments plus humains. Je tiens ce fait des hommes les plus graves ; je l’ai même lu, depuis, dans la bibliothèque Ulpienne, et, d’après la renommée d’Apollonius, je n’ai pas de peine à le croire. En effet, a-t-on jamais vu parmi les hommes un personnage plus respectable, plus auguste, plus divin ? Il a rendu la vie aux morts : ses actions, ses paroles sont au-dessus de l’humanité. Pour les connaître, on n’a qu’à consulter les livres grecs, où sa vie est racontée. Ah ! si les dieux m’en laissent le temps, et que ce soit toujours la volonté de mon protecteur, moi aussi j’essayerai de retracer les actions immortelles d’un si grand homme : non qu’une vie pareille ait besoin du secours de ma faible éloquence, mais pour que des faits si dignes de l’admiration des hommes soient célébrés par tout l’univers.

XXV. Après avoir pris Thyane, il s’empara d’Antioche, en publiant une amnistie, et après un léger combat près de Daphné. Désormais, et pour obéir, sans doute, aux conseils d’Apollonius, il montra plus d’humanité et de clémence. Il livra ensuite, près d’Émesse, à Zénobie et à son allié Zaba, une grande bataille qui devait décider du sort de l’Orient. La cavalerie d’Aurélien, harassée de fatigue, commençait à plier : elle allait