Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/297

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Ce qui le mit en si grand péril, ce furent les stratagèmes et la perfidie des barbares. Ne pouvant résister en plaine, ils se cachèrent dans d’épaisses forêts, d’où ils sortirent vers le soir, et jetèrent ainsi la confusion parmi les troupes. Enfin, si, grâce à une puissance supérieure, après l’inspection des livres et l’accomplissement des sacrifices, les barbares n’eussent été enveloppés par les prodiges que les dieux firent apparaître, la victoire n’aurait pas été pour nous. La guerre des Marcomans terminée, Aurélien, assez cruel de sa nature, revint a Rome, le cœur plein de colère, et d’autant plus altéré de vengeance, que les troubles avaient été plus sérieux. Prince en tout le reste accompli, mais violent de caractère, il éteignit dans le sang une révolte qu’il pouvait calmer par des moyens plus doux. Les auteurs des troubles furent mis à mort : on immola même avec eux de nobles sénateurs, pour des motifs légers, dont un prince plus clément n’aurait pas tenu compte, et sur la déposition d’un seul témoin, ou de témoins peu dignes de foi, ou même d’un rang inférieur. Enfin, ce règne si glorieux, si longtemps désiré, et que l’on n’avait pas espéré en vain, fut souillé par la d’une tache ineffaçable. Cet empereur, si parfait du reste, inspira désormais non plus l’amour, mais la crainte. Les uns disaient qu’il eût mieux valu se défaire d’un pareil homme, que de le nommer empereur ; les autres, que c’était un médecin habile, mais qui opérait avec violence. Alors, craignant de voir se renouveler ce qui était arrivé sous Gallien, après avoir pris conseil du sénat, il recula les murs de Rome. Cependant. ce n’est pas alors, mais plus tard seulement, qu’il ajouta au Pomérium : car les empereurs n’ont ce droit, que quand ils ont agrandi la république par des conquêtes sur les barbares. Les seuls qui l’aient fait, sont Auguste, Trajan et Néron, sous le règne duquel le Pont Polémonia-