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dieux. Vous savez déjà que, dans toutes les guerres importantes, on les a consultés, et que le terme des calamités publiques est ordinairement dans les sacrifices qu’ils prescrivent. » Alors Ulpius Syllanus, qui opinait le premier, se levant : « Pères conscrits, dit-il, nous avons trop tardé à nous occuper du salut de l’État, trop tardé à consulter les arrêts du destin : semblables à ces malades qui n’envoient qu’en désespoir de cause chercher les grands médecins ; comme si les hommes habiles devaient être réservés pour les cures dangereuses, tandis qu’il est bien plus sûr de les appeler dans tous les cas. Vous vous souvenez sans doute, pères conscrits, que depuis longtemps déjà, quand on nous annonçait l’invasion des Marcomans, je vous ai conseillé d’ouvrir les livres Sibyllins, d’user des bienfaits d’Apollon, et d’obéir à l’ordre des dieux immortels ; mais quelques-uns ont repoussé ce conseil, ils l’ont repoussé outrageusement, disant, pour flatter l’empereur, sans doute, qu’avec un si grand général on n’avait pas besoin de consulter les dieux : comme si ce grand prince n’était pas le premier à les honorer, à compter sur leur appui ! Enfin, on vous a lu la lettre où il implore le secours des dieux, dont l’aide ne saurait avoir rien de déshonorant pour le guerrier le plus brave. Hâtez-vous donc, pontifes ; montez au temple avec la pureté, la sainteté, avec l’esprit et dans l’appareil qu’exigent de telles cérémonies. Alors que les banquettes auront été couvertes de lauriers, vos mains vieillies au service des dieux ouvriront les livres sacrés, et leur demanderont les destinées de l’État, dont la durée doit être éternelle. Aux jeunes enfants que la nature n’a privés ni d’un père ni d’une mère, apprenez les chants qu’ils doivent réciter. Nous, nous voterons les frais des cérémonies, l’appareil pour les sacrifices, et les victimes ordinaires. »