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dée, une cotte d’armes ciselée, une chaise d’ivoire. Car je vous désigne consul aujourd’hui, et je vais écrire au sénat pour qu’il vous envoie la baguette et les faisceaux consulaires : en effet, ce n’est pas l’empereur qui les donne, mais il les reçoit lui-même du sénat, quand il est nommé consul. »

XIV. Après ces paroles de l’empereur, Aurélien s’approcha, et lui rendit grâces dans des termes tout a fait militaires, que j’ai cru devoir rapporter ici : « Et moi, dit-il, seigneur Valérien, empereur Auguste, si j’ai fait de mon mieux, si j’ai souffert patiemment les blessures, si j’ai fatigué mes chevaux et mes équipages, c’était pour mériter les remerciements de l’État et l’approbation de ma conscience ; mais vous avez fait plus encore. Je rends donc grâces à votre bonté, et je reçois le consulat que vous me donnez. Fassent les dieux, et le Soleil, qui est un dieu aussi, que le sénat me soit aussi favorable ! » Puis, au milieu des actions de grâces de tous les assistants, Ulpius Crinitus se leva et prononça ces paroles : « Chez nos aïeux, Valérien Auguste, il existait une coutume qui a été particulièrement chère à ma famille, celle d’adopter comme fils les hommes les plus vaillants, pour qu’une sève nouvelle régénérât par sa fécondité les familles vieillissantes, ou suppléât à la stérilité des mariages. Aussi, me rappelant l’adoption de Trajan par Nerva, celle d’Adrien par Trajan, celle d’Antonin par Adrien ; songeant à ceux de leurs successeurs qui ont fait comme eux, j’ai résolu de les imiter, en adoptant Aurélien, que votre jugement si respectable m’a donné pour lieutenant. Ordonnez donc que la loi ait son cours, et qu’Ulpius Crinitus, consulaire, ait pour héritier de ses pénates, de son nom, de ses biens, en un mot de ses tous ses droits,