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mêmes sous lesquels on l’adorait dans le temple où sa mère était prêtresse. Il reçut en même temps un éléphant superbe qu’il offrit à l’empereur, et fut ainsi le seul particulier qui eut possédé un de ces animaux.

VI. Passons à d’autres détails. Aurélien était un homme de bonne mine ; il avait un air mâle et imposant, une taille élevée, une constitution puissante. Il recherchait un peu trop les jouissances de la table ; mais, presque étranger à d’autres plaisirs, il était extrêmement sévère, surtout grand observateur de la discipline, et sabreur par tempérament. Il y avait dans l’armée deux tribuns du même nom : lui, et un autre qui dans la suite fut fait prisonnier avec Valérien. Celui qui nous occupe, avait reçu des soldats le surnom de Bonne lame ; aussi, quand on demandait lequel de ces deux officiers avait fait telle ou telle chose, si l’on répondait : « C’est Aurélien la bonne lame, » tout le monde comprenait. On rapporte de lui, avant qu’il fût empereur, des exploits remarquables. En Illyrie, avec trois cents garnisaires seulement, il dissipa une invasion de Sarmates. Theoclius, auteur d’annales impériales, rapporte que, dans la guerre contre les Sarmates, il en tua quarante-huit en un jour, et qu’en plusieurs fois, dans un certain espace de temps, il en tua plus de neuf cent cinquante. C’est au point que, les jours de fête, on entendait les enfants chanter, en dansant des pas militaires, ce refrain bien connu :

<poem> « Mille, mille, mille, nous en avons tué mille. Mille, mille, mille, un seul en a tué mille. Mille ans, qu’il vive mille ans, celui qui en a tué mille ! Personne n’a autant de vin, qu’il a versé de sang. » <poem>

Ce sont là de frivoles détails, je le sais ; mais, comme