Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/267

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III. J’aborde mon sujet sans préambule inutile et fatigant pour le lecteur. Aurélien naquit à Sirmium, d’une famille inconnue : c’est l’opinion la plus commune. Quelques-uns le font naître sur les côtes de la Dacie ; un auteur que j’ai lu, le prétend originaire de Mésie. Ainsi l’on ignore quelquefois la patrie de ces hommes extraordinaires : nés dans l’obscurité, ils aiment à se donner eux-mêmes une patrie, afin d’ajouter à leur illustration l’éclat des lieux qui sont supposés les avoir vus naître. Pourtant, ce qui importe à la gloire des grands princes, ce n’est pas le pays où ils ont pris naissance, mais ce qu’ils ont fait pour la république. Platon est-il plus fameux, pour être né Athénien, que pour avoir été le plus brillant flambeau de la sagesse ? Et Aristote de Stagire, Zénon d’Élée, Anacharsis le Scythe, en sont-ils moins grands, pour être nés dans les moindres bourgades, quand, grâce à la philosophie, ils se sont élevés jusqu’au ciel ?

IV. Mais revenons à notre sujet. Aurélien, né de parents obscurs, montra dès l’enfance un caractère extrêmement vif. Doué d’une force remarquable, il se livrait tous les jours, même les jours de fête et de repos, aux différents exercices militaires : il lançait le javelot et tirait à l’arc. Callicrate de Tyr, le plus savant de tous les historiens grecs, assure que la mère d’Aurélien était prêtresse du Soleil dans le village où habitait sa famille ; il parait même qu’elle entendait assez la divination, s’il est vrai qu’un jour, reprochant à son mari son incapacité et sa bassesse, elle se serait écriée : « Voilà pourtant le père d’un empereur ! » ce qui prouverait que cette femme était dans le secret des destins. D’autres présages auraient, selon Callicrate, annoncé la haute fortune d’Aurélien : d’abord, le bassin où on le baignait dans son