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qu’il puisse être, pour leur résister ? Et c’est la pensée d’Homulus quand il disait à Trajan lui-même que Domitien fut bien mauvais, mais que du moins il eut des amis vertueux ; et que d’autant plus grande fut la haine qu’on voua à ceux qui avaient confié les intérêts de la république aux hommes les plus corrompus de mœurs : car on supporte plus volontiers un seul méchant que plusieurs.

LXVI. Mais, pour en revenir à notre sujet, Alexandre fut par lui-même un prince excellent ; car, chose que n’eût pas faite un méchant homme, il suivit les conseils d’une excellente mère, et pourtant il avait autour de lui des amis purs et respectables, étrangers aux vices, aux concussions, à l’esprit de parti, à la ruse, incapables de s’associer à des projets injustes, amis des gens de bien ; ce n’étaient pas des débauchés, des hommes sanguinaires ; ils ne cherchaient pas à le circonvenir ; ils ne tournaient pas ses bonnes actions en ridicule, ils ne l’eussent pas mené comme un insensé : mais c’étaient des personnages saints, vénérables, réservés, religieux, attachés sincèrement à leur prince, qui ne se seraient pas permis de rire à ses dépens, comme ils ne voulaient pas eux-mêmes servir de risée ; incapables de vénalité, de mensonge, de feinte ; qui jamais n’avaient abusé de l’estime de leur maître : en un mot qui l’aimaient. Ajoutez à cela que jamais à ses conseils ni à aucun emploi il n’admit les eunuques, cette race d’hommes qui, a eux seuls, perdent les princes, en voulant les faire vivre à la manière des peuples et des rois de la Perse ; qui détachent insensiblement un prince de l’affection de son peuple et de ses amis : qui, chargés de recevoir ou de porter des réponses, les rendent infidèlement, et, séquestrant le prince, arrangent tant de manière à ce qu’il ignore ce qui se passe. Sa maxime favorite était celle-ci : « Je ne souffrirai pas que des esclaves achetés à prix d’argent