Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/229

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à Alexandre de ne pas vouloir qu’on rappelât son origine syrienne, d’aimer l’or, d’être très soupçonneux, d’avoir créé une multitude d’impôts, de vouloir passer pour Ie véritable grand Alexandre, d’être trop sévère à l’égard des soldats, de se mêler des affaires des particuliers : toutes innovations introduites par lui dans la république. La plupart des auteurs ont écrit que ce fut des soldats et non du sénat qu’il reçut le titre de César ; mais ils sont mal informés ; ils nient aussi qu’il ait été cousin d’Héliogabale : mais tous ces écrivains se rangeraient à notre avis, s’ils lisaient les historiens du temps, et surtout Acholius, qui a décrit les campagnes de ce prince.

LXV. Vous me demandez souvent, grand Constantin, ce qui a pu d’un homme étranger, d’un Syrien, faire un si bon prince, quand on en compte tant d’autres nés à Rome même ou sortis des provinces de l’empire, qui furent vicieux, impudiques, cruels, abjects, injustes, esclaves de toutes les passions. D’abord, pour ce qui regarde les bons, je puis vous dire ce que j’en pense : c’est que la nature, notre mère, toujours la même en tous lieux, a pu faire naître celui-ci vertueux ; puis, que la crainte qu’inspirait l’exemple du mauvais prince qui venait d’être mis à mort, a pu mettre le comble à sa bonté naturelle. Mais puisqu’il faut que je vous déclare la vérité, je ferai part à Votre Clémence et à Votre Piété de ce que j’ai recueilli dans mes lectures. Vous savez, pour l’avoir lu dans Marius Maximus, « qu’un État est meilleur et plus sûr, quand le prince est mauvais, que lorsque ce sont les amis du prince qui sont méchants : car on peut espérer voir un méchant unique appelé à de meilleurs principes par les bons en grand nombre ; mais si c’est le nombre des méchants qui l’emporte, quel moyen reste-t-il à un homme isolé, quelque bon