Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

barbare qui le frappa ; on était en guerre, mais ce n’est pas à la guerre même qu’il périt.

LXIII. La mort d’Alexandre causa de vifs regrets aux soldats, à ceux même qui naguère avaient éprouvé les effets de sa sévérité : ils massacrèrent les auteurs de ce meurtre. Le peuple de Rome, le sénat tout entier et toutes les provinces ne reçurent jamais nouvelle avec plus de tristesse et d’amertume : d’autant plus que I’âpreté et la rudesse de Maximin, homme élevé dans les camps, et qui conjointement avec son fils avait obtenu l’empire après Alexandre, semblaient leur annoncer des destins plus cruels. Le sénat mit Alexandre au nombre des dieux. Un cénotaphe lui fut élevé dans la Gaule, et un tombeau magnifique dans Rome. On lui donna des prêtres qui furent appelés Alexandrins : on établit aussi, en son nom et en celui de sa mère, une fête qui, encore aujourd’hui, se célèbre très religieusement à Rome le jour anniversaire de sa naissance. Certains auteurs ont donné pour cause du meurtre de ce prince, que, sa mère abandonnant la guerre de Germanie pour aller étaler son luxe en Orient, l’armée en conçut un vif dépit. Mais c’est une invention des partisans de Maximin, qui ne voulurent pas que le meilleur des princes partit avoir été assassiné par son ami, contre tous les droits divins et humains.

LXIV. Jusqu’ici l’empire romain avait été gouverné par des princes qui conservaient assez longtemps la puissance ; mais de ceux qui, après Alexandre, usurpèrent le pouvoir à l’envi, les uns régnèrent six mois, les autres un an, la plupart deux ans, trois ans au plus, jusqu’à ces princes qui étendirent plus loin leur puissance, je veux dire Aurélien et ses successeurs, dont nous écrirons l’histoire telle que nous pourrons la recueillir, s’il nous est donné de vivre assez pour cela. On a reproché