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à moitié endormi, le voyant : « Que veux-tu, camarade ? lui dit-il ; apportes-tu des nouvelles de l’ennemi ? » Ce malheureux, frappé de terreur, et croyant sa perte certaine pour être entré brusquement dans la tente du prince, alla trouver ses camarades, et les exhorta à se défaire d’un prince trop rigide. Ceux-ci aussitôt entrent, tout armés, et, supérieurs en nombre, égorgent les gardes qui faisaient résistance quoique sans armes, et frappèrent l’empereur lui-même de plusieurs coups. Quelques auteurs prétendent que rien absolument n’avait été dit, que seulement les soldats avaient crié : « Sors, retire-toi ; » et qu’ainsi avait été assassiné cet excellent jeune homme... Mais toutes les forces militaires que Maximin conduisit depuis en Germanie, et qui se composaient principalement d’Arméniens, d’Osdroènes, de Parthes, et de toutes sortes de nations, c’est Alexandre qui les avait réunies.

LXII. Le mépris d’Alexandre pour la mort est bien prouvé par la rigueur avec laquelle il traita toujours le soldat ; mais voici ce qui le rend encore plus évident : l’astrologue Thrasybule, qui vivait dans son intimité, lui ayant dit qu’il ne pouvait éviter de périr par le fer des barbares, il s’en réjouit tout d’abord, pensant que la mort qui l’attendait serait digne d’un guerrier et d’un empereur. Ensuite il expliqua et démontra que les plus grands hommes avaient péri de mort violente : il cita Alexandre lui-même, dont il portait le nom, Pompée, César, Démosthène, Cicéron, et autres personnages célèbres, dont la fin fut tragique. Il avait un tel orgueil qu’il se croyait comparable aux dieux, s’il lui arrivait de périr en combattant ; mais l’événement ne répondit pas à ses espérances. C’est bien, il est vrai, un glaive barbare qui trancha ses jours, c’est bien la main d’un bouffon