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fut tué par des soldats qui l’outragèrent lui, comme un enfant, et sa mère comme une femme avare et cupide.

LX. Alexandre régna treize ans neuf jours. Il vécut vingt-neuf ans trois mois sept jours. Il agit toujours d’après l’avis de sa mère, et fut tué avec elle. Voici les présages de sa mort. Comme il célébrait par un sacrifice le jour de sa naissance, la victime blessée s’enfuit, et comme il n’assistait qu’en simple citoyen et mêlé parmi le peuple, elle ensanglanta la robe blanche dont il était vêtu. Un laurier énorme et antique, qui était dans le palais d’une ville d’où il partait pour aller à la guerre, tomba subitement tout entier. Trois figuiers, de ceux qui produisent les figues dites alexandrines, et après lesquels on avait fixé les tentes impériales, tombèrent subitement en avant de la sienne. Pendant qu’il était en marche, une dryade lui cria en langage gaulois ; « Va, n’attends pas la victoire, méfie-toi de tes soldats. » Monté sur son tribunal pour haranguer les troupes, au lieu de dire des paroles de bon augure, il commença par celles-ci : « Le massacre de l’empereur Héliogabale. » On regarda comme un présage que, sur le point de partir pour la guerre, il eût employé des termes funestes dans une allocution aux soldats. Mais il méprisa souverainement toutes ces observations ; il partit, et, arrivé à l’endroit que nous avons dit, il périt de la manière suivante.

LXI. Il avait déjeuné ce jour-là en public, c’est-à-dire sous pavillons découverts, comme de coutume ; après s’être nourri des mêmes aliments que les soldats (car les soldats qui visitèrent la tente ne trouvèrent rien autre chose), il prenait quelque repos, vers la septième heure du jour, quand un des Germains, qui faisait l’office de bouffon, entra ; tout le monde dormait. Alexandre seul,