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ment à la défense de champs qui seraient les leurs. Et afin qu’ils pussent cultiver ce qu’ils avaient reçu, et pour éviter que le besoin ou la vieillesse fissent abandonner des terres si voisines des barbares, ce qu’il eût regardé comme une chose honteuse, il y ajouta les esclaves et les animaux nécessaires.

LIX. Après avoir ainsi tout disposé, Alexandre, aimé jusqu’à l’adoration du peuple et du sénat, partit pour la guerre de Germanie ; tous espéraient qu’il remporterait la victoire, et tous pourtant le laissaient partir à regret : aussi Rome entière l’accompagna l’espace de cent cinquante milles. Ce qui blessait la république et l’empereur lui-même, c’était que la Gaule fût en proie aux dévastations des Germains ; ils rougissaient surtout de voir les Parthes, cette nation qui toujours était restée soumise aux empereurs, même les plus faibles, les Parthes, tout vaincus qu’ils étaient, menacer encore l’empire romain. Il marcha donc à grandes journées, et les soldats ne pouvaient contenir leur joie. Arrivé dans la Gaule, il trouva des légions séditieuses, qu’il ordonna de licencier. Mais les Gaulois, ces esprits toujours intraitables, et qui causèrent souvent de graves soucis aux empereurs, regrettant le passé, ne purent supporter dans Alexandre une sévérité que leur faisait paraître d’autant plus excessive la lâche condescendance d’Héliogabale. Il se trouvait donc avec un petit nombre des siens, dans un bourg des Gaules, d’autres disent de Bretagne, appelé Sicila, quand il fut assassiné, non par suite d’une conspiration générale, mais dans un guet-apens de quelques soldats, de ceux qu’autrefois Héliogabale avait gratifiés de ses libéralités, et pour qui la sévérité était chose intolérable dans un prince. Beaucoup d’auteurs disent qu’il fut tué par des recrues envoyées par Maximin, à qui elles avaient été confiées pour les exercer au métier des armes. D’autres pensent différemment. Le fait est qu’il