Page:Histoire Auguste, trad. Aguen, Taillefert, tome 2, 1846.djvu/213

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dats menaçaient même de leurs armes : « Abaissez donc ces bras, dit-il, pour ne les lever que sur les ennemis, si vous avez du courage. Toutes ces démonstrations ne m’épouvantent pas ; et en vous rendant coupables du meurtre d’un homme, vous ne sauriez échapper à la république, au sénat et au peuple romain, qui me vengeraient de vous. » Comme le tumulte et les murmures n’en continuaient pas moins, il s’écria : « Citoyens, retirez-vous, et déposez les armes. » Chose inouïe ! on les vit déposer à l’instant leurs armes, se dépouiller de leurs casaques militaires, et se retirer non plus au camp, mais en différentes hôtelleries. On comprit alors tout ce que pouvait la sévérité d’Alexandre. Les gardes et les soldats qui s’étaient groupés autour de lui reportèrent les drapeaux dans le camp, et le peuple recueillit les armes et les porta au palais. Cependant, cédant après trente jours aux prières qui lui furent faites, cette même légion qu’il licencia alors, l’empereur la rétablit avant de se mettre en route pour l’expédition de Perse, et il lui dut en grande partie sa victoire. Les tribuns seuls furent punis de mort, parce qu’il attribuait à leur négligence le dérangement des soldats près de Daphné, et à leur coupable indulgence le soulèvement de l’armée.

LV. Parti de là en grand appareil pour la Perse, Alexandre vainquit le puissant roi Artaxerxés : il fallait Ie voir se porter aux ailes de son armée, encourager ses troupes, s’exposer aux traits de l’ennemi, payer lui-même de sa personne, et par sa parole inspirer l’amour de la gloire à chaque soldat en particulier. Enfin, après avoir défait et mis en fuite un si grand roi, qui s’était présenté au combat avec sept cents éléphants, dix-huit cents chars armés de faux, plusieurs milliers de chevaux, il s’en retourna à Antioche et enrichit son armée du butin enlevé sur les Perses. Il avait autorisé les tribuns,