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trera sa manière d’agir à l’égard du soldat. Étant venu à Antioche, et ayant eu connaissance que ses soldats se baignaient comme les femmes et se livraient au libertinage, il les fit saisir tous et jeter dans les fers. À cette nouvelle, une sédition s’éleva dans la légion dont faisaient partie les prisonniers. Alors il monta sur son tribunal, et là, entoure de gardes armés, il se fit amener les coupables chargés de chaînes, et s’exprima ainsi : « Compagnons d’armes, si la conduite de vos camarades excite votre indignation, la discipline de nos ancêtres est la pour soutenir la république : si cette discipline se perdait, nous perdrions du même coup l’empire et le nom romain. Car ne croyez pas qu’on fera sous notre règne ce qui s’est pratiqué naguère sous cet être impur indigne du nom d’homme. Des soldats romains, vos camarades, qui ont partagé ma tente et mes fatigues, se livrent à l’amour, boivent, se baignent, vivent à la manière des Grecs : c’est un abus que je ne souffrirai pas plus longtemps ; je vais les livrer au dernier supplice. » Ici cris et tumulte ; Alexandre reprend : « Contenez donc ces clameurs ; c’est en guerre contre l’ennemi, qu’il faut les faire entendre, et non contre votre empereur : sans doute vos instructeurs vous ont appris à émettre de tels cris contre les Sarmates, les Germains et les Perses, et non contre celui qui vous donne les vivres prélevés sur les provinces, et de qui vous recevez vos vêtements et la paye. Encore une fois, contenez ces cris farouches ; réservez-les pour les guerres et les champs de bataille, si vous ne voulez pas qu’aujourd’hui même d’un seul mot de ma bouche je vous renvoie comme de simples citoyens romains : que dis-je citoyens ? vous ne seriez pas même dignes de ce nom ; tout au plus feriez-vous partie de la populace de Rome, si vous méconnaissez les droits de la république romaine. »

LIV. Comme le murmure augmentait, et que les sol-