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roles qu’il avait entendues et retenues des juifs ou des chrétiens, et qu’il faisait proclamer par un héraut toutes les fois qu’il punissait quelqu’un : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qui vous soit fait. » II aimait tellement cette sentence, qu’il la fit inscrire dans son palais et sur les édifices publics.

LII. Ayant appris qu’un soldat avait injurié une vieille femme, il le raya des rôles de l’armée, et le donna comme esclave à cette femme, pour qu’il la nourrît de son état de charpentier. Les autres soldats témoignant là-dessus du mécontentement, il les persuada tous de supporter avec calme cette punition qu’il avait infligée, et les soumit par la crainte. Quelque dur et rigide qu’il ait été, son règne fut qualifié de non sanglant, parce qu’il ne fit mourir aucun sénateur, comme le rapporte l’écrivain grec Herodianus dans l’histoire de son époque. Mais il fut d’une telle sévérité envers les soldats, que souvent il licencia des légions entières, traitant les soldats de citoyens : et jamais l’armée ne l’intimida, parce qu’on ne pouvait pas lui reprocher que jamais les tribuns ni les généraux eussent rien détourné de la paye des soldats. « Le soldat, disait-il, ne reste soumis qu’autant qu’il est vêtu, arme, chaussé, bien nourri, et qu’il a quelque argent dans sa ceinture. » Vient-il à éprouver la misère et le besoin, réduit au désespoir, il se sert des armes qu’il porte. Alexandre abolit l’usage des appariteurs : les tribuns et les généraux durent prendre des soldats pour marcher devant eux. Ainsi il décida que le tribun marcherait précédé de quatre soldats, le général de six, le lieutenant de dix, qui rentreraient ensuite dans leurs habitations.

LIII. Pour donner un exemple de sa sévérité, j’ai cru devoir insérer ici une harangue militaire qui nous mon-