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porta chez les Perses : elle était formée de six légions de mêmes armes ; mais une paye plus haute lui fut accordée après l’expédition de Perse.

LI. Il fit hommage aux temples de présents dignes d’un roi ; il vendit des pierres précieuses qui lui avaient été offertes, pensant qu’il ne convenait qu’à des femmes de posséder des pierreries, qu’un homme ne peut porter, et qu’on ne peut offrir à des soldats. Un lieutenant lui ayant fait don, pour son épouse, de deux perles d’un grand poids et d’une grosseur extraordinaire, il les mit en vente : ne trouvant pas d’acquéreur pour un objet si rare, afin d’éviter qu’un mauvais exemple ne fût donné par l’impératrice, si elle les gardait pour son usage, il les consacra à Vénus comme pendants d’oreilles. Il eut beaucoup de déférence pour les conseils d’Ulpien, malgré sa mère, qui lui fut contraire d’abord, mais lui témoigna depuis sa satisfaction. Il le défendit même plus d’une fois de la colère des soldats, en jetant sur lui la pourpre impériale. Si en effet il fut grand empereur, c’est qu’il se laissa guider par Ulpien dans le gouvernement de la république. En campagne et dans les expéditions, il déjeunait et dînait dans des pavillons découverts, où, sous les yeux de tous, et au milieu de la joie générale, il prenait la même nourriture que le soldat. Il parcourait autant que possible toutes les tentes, et ne souffrait pas que personne quittât les drapeaux. Si quelqu’un s’écartait de la route pour faire du dégât sur les possessions voisines, il lui faisait infliger sous ses yeux ou la peine du bâton, ou celle des verges, ou la dégradation, suivant la nature de la propriété endommagée ; ou si le coupable, par sa dignité, se trouvait au-dessus de toutes ces peines, il le réprimandait vertement, et lui disait : « Seriez-vous aise qu’on fît sur vos terres ce que vous faites sur celles des autres ? »Très souvent il répétait à haute voix ces pa-