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LES HOMOSEXUELS

menté en la matière : le fonctionnaire était parfaitement convaincu que c’était une femme authentique ; je n’avais moi-même qu’un faible doute. Nous apprîmes au cours de la conversation qu’elle était « un homme ». Les femmes véritables sont fort clairsemées dans ces bals ; çà et là seulement un uranien a amené son hôtesse, une amie ou… sa femme. On en use en général chez les uraniens avec moins de sévérité que dans les bals d’uraniennes du même genre, dont l’entrée est soigneusement interdite à tout « homme authentique ». Une impression désagréable et même dégoûtante produisent dans ces bals les messieurs, qui également ne viennent pas tous seuls — mais qui malgré leur moustache souvent très forte ou leur barbe viennent « en femme ». Les plus beaux costumes sur un signe de l’organisateur, sont salués par le tonnerre d’une fanfare, et conduits par lui autour de la salle. C’est entre minuit et une heure que la fête atteint ordinairement son paroxysme. Vers deux heures a lieu une pause pour le café, c’est le principal bénéfice de l’organisateur. En quelques minutes, de longues tables sont dressées et servies, et plusieurs centaines de personnes y prennent place ; des chants et des danses humoristiques par les « imitateurs