Page:Hirschfeld - Les homosexuels de Berlin, 1908.pdf/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
LES HOMOSEXUELS

général de travailleurs célibataires âgés de dix-huit à vingt-cinq ans ; la plupart sont serruriers, forgerons ou ex-travailleurs du fer. Ces gens ne prisent que la force, le danger et l’audace. À leurs yeux « la lutte entre la Russie et le Japon n’est pas une vraie lutte parce qu’on a beaucoup tiré, on n’a guère lutté, mais piqué et boxé ».

Pénétrons dans un club athlétique en relations avec des homosexuels. C’est dans l’arrière-salle d’une auberge que se fait le « travail ». L’étroit espace est rempli d’émanations d’huile, de métal et de sueur, bref de ce parfum spécial qui émane des corps des travailleurs du fer. Des barres de fer, des haltères, des poids de 100 kilogrammes et au-dessus gisent sur le sol ; à côté le matelas sur lequel les luttes ont lieu. Huit ou dix puissants athlètes sont là, les uns en tricot noir, les autres le torse nu, la poitrine et les bras tatoués.

Le long de la cloison vitrée se trouve une table longue et étroite, entourée de bancs, sur lesquels sont assis un certain nombre de messieurs, dont les traits et les vêtements distingués forment un singulier contraste avec ceux des hommes forts. Au bout de la table se tient la Présidente ou Protectrice du club athlétique, un tailleur pour dames,