Page:Hirschfeld - Les homosexuels de Berlin, 1908.pdf/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
LES HOMOSEXUELS

cette voix de soprano venue de là-bas, continue de nous suivre dans la nuit… »

C’est bien cela, Presber ! — Une autre taverne uranienne que nous visitons, se compose de quatre pièces assez spacieuses. Dans la troisième et la quatrième il y a des pianos ; dans une on chante les chansons les plus nouvelles, dans l’autre on danse, non entre hommes et femmes mais entre hommes et hommes. Ils dansent avec un vrai abandon ; la « femme » plie sa taille languissante dans les bras de son danseur mâle ; la musique, mauvaise du reste, les transporte ; et il semble, quand le musicien s’arrête, qu’ils se réveillent de nouveau pour la triste réalité.

Très originales sont les réunions pour le goûter, qu’on donne assez souvent, dans ces locaux.

Le patron, le chansonnier ou un autre client, célèbrent leur fête et ont invité pour cette cérémonie leurs « amies ». À une heure fixée de l’après-midi arrivent les invités, la plupart les uraniens de la classe ouvrière. Chacun remet au héros de la fête un cadeau, un travail fait à son intention, un échantillon de son art culinaire, quelques fleurs naturelles ou artificielles. On échange des salutations, de gracieuses révérences suivies de