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LES HOMOSEXUELS

de poche, une bande pour la moustache ! Le matin de bonne heure, le maître a fait sortir la plus belle nappe de son armoire, aidé son domestique à préparer la table, distribué les couverts en argent, plié les serviettes, garni de fruits les grands plateaux, mis sur chaque assiette un bouquet avec, à côté, un joli menu illustré. Pour quelques invités surgit un embarras, on n’a pas pu se rappeler leur vrai nom. En cette soirée, un peu solennelle, on voudrait bien garder les distances, mais quoi, lorsque tout le long de l’année on n’a jamais interpellé quelqu’un que d’un petit nom d’amitié à l’allure féminine… Dans le couloir une seconde table est servie, c’est là que mangent les enfants et le personnel — oui les enfants — rare apparition dans ce foyer uranien, car on a invité à la fête les deux petits de la blanchisseuse et les trois enfants du portier. On attache de l’importance à ce que les mêmes mets soient servis à la seconde table qu’à la table principale et que là tout ait aussi l’air solennel.

Le commencement de la cérémonie avait été fixé pour huit heures, car quelques invités avaient d’abord à assister à la fête chez des amis ou dans leur famille, avant de venir dans ce cercle d’amis.