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LES HOMOSEXUELS

connu dans le monde, qui jouait le rôle principal, excita une hilarité folle par son jeu parfait. Après le dîner on se mit à danser, et bien que les têtes fussent échauffées par les libations copieuses et variées, rien d’indécent ne se passa. Comme certains convives portaient les vêtements de femmes, on se permettait la plaisanterie, plutôt inoffensive, d’affubler ceux des uraniens qui se distinguaient par leur prestance mâle, d’atours féminins, chapeaux, schalls, etc. ; les uns faisaient à mauvais jeu bonne mine, les autres se fâchaient. Car, il y a des uraniens auxquels la femme dit si peu, que l’idée seule d’avoir sur eux quelque objet féminin, leur est insupportable.

Les uraniens appartenant à des classes moins riches de Berlin, aiment aussi à avoir leurs réunions. Je m’en tiendrai à un exemple qui est resté gravé dans ma mémoire. La scène avait lieu dans une taverne de la banlieue, où, parmi les autres invités, se trouvaient deux frères normosexuels. On se régala bien de saucisses, de salade, de pomme de terre, de gruyère, tandis que le fils du patron jouait sur le piano un air des rues. Mais voici que rentre « Schwanhilde » « M. Schwan, née Hilde » pour les initiés. Il était