Page:Hirschfeld - Les homosexuels de Berlin, 1908.pdf/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
LES HOMOSEXUELS

seul capable à donner à notre existence sa valeur réelle et sa consécration.

J’ai, autrefois, donné mes soins à une vieille dame atteinte d’une grave maladie nerveuse. Cette dame vivait depuis longtemps en commun avec une amie. Jamais je n’ai rencontré dans ma pratique un exemple de sympathie pareil de la part d’une personne bien portante envers une malade, et cela pas davantage parmi les gens mariés que chez les mères anxieuses de la santé de leurs enfants. Cette amie bien portante, n’était d’ailleurs pas précisément une compagne agréable ; elle manquait d’égard et elle était autoritaire ; mais qui voyait cette affection et cette sollicitude surprenantes, ces soins prodigués jour et nuit, lui pardonnait ses défauts rien qu’en raison de son dévouement sublime. Elle ne faisait, avec son amie, qu’un corps et qu’une âme ; si l’on touchait à celle-ci un membre douloureux, l’autre en ressentait le réflexe, chaque malaise de la malade se reflétait sur le visage de l’amie, le manque de sommeil ou d’appétit se communiquait aussi à l’amie bien portante.

Un autre couple vivait non loin de celui-ci. Lui était référendaire, et l’objet de ses soupirs, un ami