Page:Hirschfeld - Les homosexuels de Berlin, 1908.pdf/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
LES HOMOSEXUELS

rendre visite. Lorsque, l’après-midi du dimanche suivant, au crépuscule, je sonnai à sa porte, un jeune homme vint m’ouvrir. Un chien sautait autour de lui ; une cigarette fumait entre ses doigts. À ma question : « Mlle X… est-elle chez elle ? voudriez-vous lui passer ma carte, je vous prie. » « Avancez un peu, répondit en riant le jeune homme, c’est moi-même. » Je pus constater que, dans son intérieur, cette jeune fille vivait absolument comme un homme. C’était une brave personne, qui, ayant pris la vie courageusement, déclina maint parti avantageux, parce que, disait-elle, elle s’en serait voulu d’induire un homme en erreur.

La division de la personnalité peut s’accentuer au point que l’homme de jour s’indigne sincèrement de la manière de vivre de son alter ego nocturne, et tonne contre lui. Ce n’est point toujours par pure hypocrisie que quelqu’un qui s’est exprimé sans ménagement sur l’homosexualité se trouve un beau jour avoir maille à partir avec le paragraphe 175 du Code criminel.

Si, du reste, même à Berlin, malgré la facilité et la sécurité relative des rapports sexuels, tant d’uraniens vivent dans la continence — comme c’est souvent le cas sans aucun doute — cela