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LES HOMOSEXUELS

conque depuis l’an de grâce 1835 loua dans la ville un appartement ou une chambre a là sa place. Toutes les déclarations d’élection de domicile et de changement de domicile y restent consignées ; telle feuille relate trente déménagements, telle autre aucun… Il y a là des gens dont la carrière commença au fond d’une cave du quartier Est et vint se terminer dans la gloire du Thiergarten ; d’autres du bel appartement du premier sont remontés au quatrième, sur la cour. C’est à ce bureau qu’on renvoie tous ceux qui cherchent quelqu’un à Berlin.

De huit heures du matin à sept heures du soir des centaines et des centaines de personnes — par an des milliers, montent ce long escalier de fer. Chaque renseignement coûte 25 pfennigs. Il ne vient pas seulement des gens qui courent après leur argent, de ces êtres pour qui un homme ne prend quelque valeur qu’au prorata de ce qu’il leur doit, non, plus d’un grimpe là-haut qui, retour de l’étranger, cherche s’il a encore quelque parent, quelque camarade d’enfance… Les premières années on s’écrit, puis on laisse dormir la correspondance et maintenant voilà l’émigré, étranger dans sa propre patrie, à la recherche de son vieux chez lui.