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UN VIEUX BOUGRE

— Si vous l’aviez vu !… J’n’en m’nais pas large… après ses contes… Il était comme un fou… Et ça m’amusait d’fair’la rosse avec lui… quoique j’avais un trac de ses grosses pattes crochues… Encore maint’nant que j’vous cause… y m’fait peur…

M. Gotte l’étreignit pour la rassurer. Elle avait besoin de n’être pas seule au monde, cette nuit-là. C’est pourquoi, se dégageant avec mollesse, elle répéta qu’elle voulait partir.

— Vous n’y pensez pas !… et l’vieux grigou, si y vous r’trouv’rait ?

— Comment voulez-vous qu’y sache ?

— N’importe… sait-on jamais ?… Ici, vous ne craignez rien, déclara M. Gotte.

Elle résista quelque temps, pour prolonger son état heureux d’inquiétude et pour savourer les hardiesses, les tentatives, l’humiliation, les reculs maladroits du joli homme ; — et elle lui céda, ainsi qu’elle eût commis à tout autre le soin d’éteindre les ardeurs allumées en elle par des récits de volupté, de rapines, de meurtres, et le spectacle du vieillard qui les avait vécus.

La sage Mme  Naton s’était montrée clair-