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UN VIEUX BOUGRE

la bouche sanguine, et elle se laissa entraîner chez lui, protestant qu’elle n’irait point.

— Ce n’est pas la splendeur… mais c’est logeable… au lieu que ce taudis !… Vous, là-dedans ? … Ah ! permettez-moi de vous l’dire, mad’moiselle, je n’vous y vois pas !…

— J’irai pourtant, dit-elle.

— J’irais plutôt, moi ! s’exclama M. Gotte.

Elle se prit à rire franchement. Un coup d’œil lui suffit pour voir le mobilier : une commode tout de guingois, un fauteuil qui rendait la laine, le lavabo de fer peint pour imiter le jonc, un cache-pot décoré d’orgueilleuses pivoines et navré d’une brèche en V. Aucune de ces choses qui ne lui parût intacte et presque neuve, tant elles empruntaient au charme personnel de M. Gotte. Il y avait, en outre, le lit, une table à pupitre encombrée de paperasses et une contrebasse debout contre le mur.

— Alors, comm’ça, vous êtes artiss’ ? dit Mlle Youyou.

— C’est-à-dire que j’port’les ch’veux longs… et la mère Naton n’en d’mande pas plus pour renseigner les gens… L’vrai, c’est que j’gratte