Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
UN VIEUX BOUGRE

L’aïeul et le petit-fils passèrent ensemble plusieurs nuits sous ce toit.


Or, cette nuit, Michel dormait au grenier, malgré les rats. Gaspard cousait des billets de banque dans la doublure d’une veste sordide. Il en logea jusque dans les manches. Après, il réunit silencieusement les sommes en or qu’il avait cachées partout. Il ne s’entendait pas lui-même. Comme si les pièces eussent tinté, il jouissait de les voir luire au creux de ses mains fébriles haussées vers la lanterne où vacillait une flamme fumeuse.

La respiration de Michel était profonde. Par moments, l’ancien s’arrêtait pour l’écouter ; et son regard devenait farouche, jusqu’à ce que la lueur de l’or l’adoucit.

Gaspard avait gonflé de pièces le gousset large de sa ceinture en cuir. Il restait des monnaies. Ayant beaucoup réfléchi, il les versa dans un croûton de pain évidé qu’il referma d’une boule compacte faite de la mie. Il secoua le croûton près de son oreille ; et satisfait, il