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UN VIEUX BOUGRE

Ils arrêtèrent d’aller, l’après-midi, consulter le notaire, à Chartres. Ils surent que les opérations de Gaspard étaient légitimes, qu’il avait vendu sans y perdre et tenait chez lui, en espèces et billets de banque, plus de vingt-cinq mille francs.

Au retour, inquiets tous les trois comme s’ils eussent porté cette fortune dans leurs habits, ils n’osaient parler de peur d’éveiller de dangereuses convoitises. Michel harcelait le cheval, du fouet, du mors, de la voix, et quoique la bête maintint le galop à en crever, ils trouvaient son allure paresseuse et la route interminable.

Michel laissa ses parents discuter. Le cheval mis à l’écurie et la carriole rangée, il mangea sa soupe en silence. Le père discourait, loquace, confus et solennel. La mère opinait, préoccupée de voir à son fils des gestes saccadés, des yeux fixes, un front têtu, qui le faisaient étrangement semblable à Gaspard. À la fin, elle dit :

— As-tu eun’ idée, toi, p’ tit gas ?

Les assiettes sautèrent, au coup de poing dont Michel frappa la table :