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UN VIEUX BOUGRE

le fils enrageait à l’idée de devoir se mettre en service. Il osa questionner :

— Alors, l’ grand-père, c’est-y qu’on peut vous d’mander si vous allez tout vend’, à c’te heure ?

— Tu peux d’mander… comme j’ peux n’ point répond’… moi…

Il avait serré les dents et les poings pour se contenir. À une semaine d’intervalle, il reprit l’entretien :

— J’ pense ben qu’ vous n’ céd’rez point vot’ champ qui monte su’ Jupelle… c’est l’ meilleur… d’ la terre facile, en belle exposition… Vous l’ gardez, c’ champ-là ?

— Il est vendu de c’ matin…

— Ah ! vous m’ laiss’rez vous dire…

— Rien !… J’ suis-t-y l’ maît’ de mon bien… ou si c’est toi ?

— C’est vous, ben sûr…

Michel était moins abattu par la morgue de l’ancien que désappointé par le silence de ses parents dont il attendait une aide. La mère en appelait de cet entêtement du vieillard au bénitier qui décorait l’alcôve. Le père frot-