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UN VIEUX BOUGRE

— J’aurais tant voulu les embêter ! exhala Mlle Rubis.

Elle observait Mlle Youyou qui, les doigts entre-croisés sur les fesses, travaillait, de la pointe de son soulier, à déterrer un caillou.

— Y a justement Loriot, maréchal ferrant… d’ vant sa rotonde de femme, y m’ poussait du boniment, ma chère !…

— Rubis, j’ te promets que j’ veux partir de c’ trou-là…

L’accent désolé de Mlle Youyou l’émut. Elle en caressa le visage si plaintif, d’un regard protecteur ; et, elle-même, son masque la quitta :

— Moi aussi, va, j’en ai soupé du grand air… J’ voulais pas qu’ ça paraisse… C’est bête, c’ que j’vas t’ dire… mais m’ faut des maisons à cinq étages, des vraies rues, les tramways, même l’atelier, j’ te jure !

Elles s’étreignirent, car toute leur enfance dans la pauvreté rude faisait palpiter leurs âmes dépaysées. Mlle Rubis s’aperçut la première que des gens arrivaient des quatre coins pour les voir. Un vaurien ramassa une pierre.

— Jette donc, un peu ! menaça-t-elle.