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UN VIEUX BOUGRE

aurait été bien… Y touchait des bonnes payes comme mécanicien… Ma mère, le chagrin la mangée… et puis l’travail en plus, faut dire !… Pense donc qu’elle avait des ménages en maison bourgeoise… et not’linge à laver… et toute l’ouvrage de chez nous… à cause que, nous deux ma sœur, on avait commencé not’ apprentissage dans la couture… On a lâché ça pour les perles… parc’qu’on gagnait mieux… quand elle a tombé malade… Tu sais bien, les couronn’s pour les morts, que j’t’ai dit ?… Et on l’a mise à l’hôpital… Elle nous disait, la pauv’femme : « V’là quat’jours que j’travaille pas… les quat’premiers d’puis ben du temps… Ça peut pas durer, mes pauv’petites !… » Elle a passé dans la nuit…

— Moi, j’ai’core mes vieux au pays… l’père et la mère… et même l’grand-père Gaspard itou, qu’est droit comme un épi…

— T’as d’la chance !

Elle ajouta :

— Youyou avait ses dix-huit ans… moi, j’courais su’mes vingt… quand on a été toutes seules… sans personne… On était sages…