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UN VIEUX BOUGRE

gorge, tandis qu’il sortait son couteau. L’arme tomba, il ouvrit la bouche, et son grand corps fléchissait.

— Michel ! supplia la mère.

Le boiteux avait décroché son fusil, et il ne savait lequel abattre, de son père ou de son fils, pour sauver l’un de la fureur de l’autre ; car il était enclin aux paroxysmes à cause de sa pauvreté physique.

Cela avait duré moins qu’une flambée d’allumette à la brise. Ils agirent machinalement, ne sachant rien de ce qu’ils avaient fait, lorsqu’ils se trouvèrent réunis auprès de l’aïeul allongé par terre dont ils épiaient le souffle. Il remua une jambe, et les pièces qui étaient dans sa poche tintèrent. Au son, ils tressaillirent, comprenant comme des philosophes que tout le mal du monde vient de l’or. La matinée resplendissait autour d’eux et ils éprouvaient davantage la honte de leurs convoitises brutales. Pour se rassurer, Michel disait :

— Y va mieux, y m’parait…

Le père pensa avec épouvante au crime qu’il aurait pu commettre. La femme se demandait