Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
225
UN VIEUX BOUGRE

— Ah ! assez, l’ vieux !

Son bras, tendu en arrière, ne tremblait point, malgré la pesanteur du meuble. Gaspard, le sang se retira de sa face où la balafre apparut en relief et blanche, coupant le sourcil gauche et formée en nœud sur la pommette cireuse. Il jeta sa grosse canne de côté et désignant le tabouret, il ordonna :

— Pose ça, morveux !

Michel le défiait, de tout son être bandé. Le père intervint pour qu’il cédât. La mère recourait à Dieu, l’âme fervente, ses mains débiles haussées vers le bénitier qui luisait au fond de l’alcôve.

— Dehors, l’ grand-père !… dehors !… J’vois rouge ! hurla Michel, et il brandit le tabouret.

Une feinte de l’ancien le trompa. Il se laissa prendre le poignet, serrant le pied du tabouret, de tout son pouvoir, pour résister à la douleur qui lui meurtrissait les os :

— J’vois rouge !… J’vois rouge !…

Parfaitement calme, le vieux réitéra l’ordre :

— Pose ça, gamin !

Alors, de sa main libre, Michel lui saisit la