Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
UN VIEUX BOUGRE

comme j’ai fait ?… Y a assez d’temps d’tout ça et j’peux vous en dire un peu. C’était en Allemagne… L’mari d’ma bohémienne a r’venu un soir… On l’appelait Ar’Guth… Y t’aurait mangé la soupe sur la tête, Michel, et y l’aurait mis dans sa poche… J’avais des p’tits de laie qu’j’avais cueillis en route et que j’rapportais fièrement à la roulotte… On piétinait, à l’intérieur… et la Mabrouka criait mon nom… J’crois qu’j’ai eu qu’à jurer pour enfoncer la porte !… Y avait pas où se r’tourner dans c’bazar… On a donc été nez à nez, avec Ar’Guth… Il avait du courage, et des bras… Moi aussi, faut l’dire… Si Dieu était juste, c’est c’jour-là qu’j’aurais dû passer… et, à d’autres, ça aurait fait leur compte… La Mabrouka, son homme l’avait lâchée, et elle avait pu s’couler derrière moi… Elle avait arraché l’bouton d’la porte… et elle me l’a passé dans la main. Quand j’ai serré ça !…

Il brandissait ses poings osseux et velus.

Leur ombre, sur Le mur, effraya les femmes.

— Où qu’j’en étais ? fit Gaspard.

Devançant Michel, qui allait parler, il reprit :