Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.
188
UN VIEUX BOUGRE

— Youyou ! s’écria-t-il.

Elle tendit vers lui son visage au sourire extasié.

— Rubis !… Toi ?

— C’est moi vot’femme à présent, dit-elle.

Gaspard doutait d’elle et le sens des formes lui échappait encore :

— Où que j’suis, bon Dieu ! demanda-t-il.

— On est au pays… on est rentré d’avant-hier, vous savez bien… Figurez-vous…

Elle lui conta ce qui était advenu, pressée de dire surtout la fin, où sa part avait été bonne, et de railler les absents de leur lâcheté. Mais il interrompit :

— Alors, v’là deux jours que j’dors ?

— C’est la deuxième nuit… Ah ! si y avait pas en moi pour vous soigner !…

N’avoir ni bu ni mangé depuis si longtemps, cela le préoccupait plus que d’apprendre à qui vouer sa reconnaissance ou s’il devait exiger de Loriot-Moquin la réparation d’honneur différée par son accident.

— J’veux à boire ! dit-il.