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UN VIEUX BOUGRE

ardente prisonnière de cette carcasse anguleuse.


Or, franchissant plusieurs semaines que l’amour avait remplies, Gaspard se retrouvait dans un cirque désolé ceint des monts du Taunus aux ruines pareilles, sur les cimes, à des géants taciturnes en armes. La voiture était là, près d’un chaos de roches basaltiques qui semblait témoigner d’une lutte de dieux. Le soir descendait, auguste, d’un ciel roux crevé de taches livides. Une fumée sortait du toit de la maison routière. Malgré les forestiers, Gaspard rapportait deux marcassins pris à la bauge. Il voyait le cheval efflanqué à l’attache et il discernait les vieux. Pour leur montrer les bêtes, de loin, il les éleva à bout de bras. Ils s’enfuirent, de toute la vitesse possible à leurs jambes roidies par l’âge. Lui, redoutant quelque fait de la destinée, il courut. La Mabrouka se débattait, dans la roulotte, et les sanglots des enfants cachés parmi les pierres énormes montaient vers les nues.